Retour en Mauritanie

2001 : semaine de randonnée dans l’Adrar en Mauritanie. Le tourisme était alors en plein essor, boosté par la création d’un aéroport à Atar, capable d’accueillir les charters.

Bivouac à la belle étoile dans le désert, marche dans les dunes de sable, images D’Épinal de la Dune dans le Désert (avec 2 grands D), dégustation de dattes dans les oasis, accueil souriant des bédouins, canyons, l’improbable cité de Chinguetti… nous avions passé une semaine extraordinaire dans ce pays si accueillant. Naïvement, nous nous étions dits que le tourisme apportait dans ces contrées reculées un peu de prospérité et de dialogue entre les peuples. Nous redoutions plus à l’époque les excès potentiels du tourisme de masse. Après avoir métamorphosé le château de Versailles en quai du métro de Shanghai aux heures de pointe, les tour-opérators allaient-ils transformer les dunes sauvages en une autoroute pour 4×4 remplis d’européens assoiffés d’aventures ?

2007 LE TERRORISME BRISE LE TOURISME EN MAURITANIE

Pas un seul instant, nous n’avions pensé à la possibilité qu’ AQMI ne fasse muter dans nos esprits les sympathiques bédouins en dangereux combattants nomades, assoiffés du sang des occidentaux. Regardez le fameux cheche, nous l’arborions fièrement de retour du désert. Il était même dans certains milieux devenu un signe de reconnaissance de coolitude bourgeoise et aventureuse. Brusquement il devint le symbole du bédouin masqué et menaçant.

Il faut dire qu’en 2007, l’assassinat de 4 touristes français à Aleg avait sonné le glas du tourisme en Mauritanie. Le résultat fut immédiat : le nombre de visiteurs passant de 15.000 à 1.000. Adieu la manne touristique qui avait permis à une grande part de la population de passer au dessus du seuil de pauvreté. Chinguetti retomba dans les sables et vit sa population refluer massivement.

Nous, les touristes ne sommes ni courageux, ni téméraires. Risquer sa vie en vacances ne fait pas partie du programme. Nous avons donc abandonné sans remord l’Égypte, la Tunisie, la Colombie et donc la Mauritanie. J’aurais pu dire lâchement abandonné mais peut-on vraiment nous le reprocher? L’émotion ressentie au contact des populations lors des voyages est forte dans l’instant mais demeure superficielle. Elle transforme pourtant notre regard sur le monde. J’ai pu le constater au contact de certains étroits Américains qui n’étaient jamais sortis de leur « monde merveilleux ».

2018 LE RETOUR

Bref, l’Adrar était retombé dans l’oubli et la Mauritanie connaissait une série de coups d’état. Elle semblait condamnée à la malédiction des bandes armées. Puis, la France intervint au Mali. Dans le même temps, le nouvel homme fort du pays joua de la carotte et du bâton avec les islamistes, réussissant à éloigner les terroristes. C’est alors que quelques passionnés du désert se mirent en tête de rouvrir l’Adrar aux touristes. Lobbying au Quai d’Orsay, formation des chameliers à la sécurité, patrouille de gendarmes autour des circuits….les touristes sont de retour dans l’Adrar. Chinguetti la ville fantôme reprend vie. J’ai eu des frissons en regardant une vidéo des premiers groupes de retour dans les dunes. Souhaitons bonne chance à cette destination.

Chinguetti c’est pas fini et dire que c’était la ville de mon premier désert, Chinguetti c’est pas fini, je ne sais pas si j’y retournerai un jour.

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