La folie K-pop envahit le monde

2012, souvenez vous : Psy et son tube Gangnam Style faisait danser la planète entière, vous y compris. Le clip de sa danse du cheval était visionné plus de 3 milliards de fois sur Youtube. Le monde découvrait la K-pop. 6 ans plus tard, le groupe de K-pop BTS remplit Bercy. Les 40.000 places se sont arrachées en quelques minutes. La demande était 10 fois supérieure. Personne n’aurait misé un kopeck sur le succès planétaire de cette improbable musique venue d’Asie. BTS se permet pourtant aujourd’hui de rivaliser avec les stars américaines Justin Bieber ou Ariana Grande avec … des chansons en coréen. La K-pop a réinventé les boys et girls bands des années 90 et conquis la jeunesse mondialisée et les réseaux sociaux. Étonnante Époque vous emmène dans le monde fascinant de la folie K-pop.

La folie K-pop : des groupes purs produits de marketing

La folie K-pop ne doit rien au hasard. Si vous croyez aux vertus du génie artistique spontané, passez votre chemin. Si vous ne jurez que par la grande musique, passez également votre chemin. Cette forme contemporaine des boys ou girls bands made in Korea est le fruit d’un marketing ultra-sophistiqué mis en scène par des agences (les maisons de disques coréennes).

3 majors (SM, JYP et YG) dominent le marché. Elles recrutent sur casting des jeunes de 12/13 ans à qui elles font signer des contrats de longue durée. Commence alors leur longue formation, entraînement spartiate au chant et à la danse. A l’instar des équipes coréennes de E-sport, les membres d’un groupe vivent ensemble 24 heures sur 24. Ils sont hébergés dans des dortoirs où leurs régimes alimentaires, leurs relations et leurs histoires de cœur sont strictement contrôlés. On a pu parler à ce propos de « slave contract ». 

Vient ensuite la composition du groupe. Prenons l’exemple du groupe vedette BTS. Ses 7 membres sont forcément beaux (du moins suivant les standards coréens ou aux yeux des préadolescentes du monde entier). Les rôles sont soigneusement attribués : le boute-en-train, le beau gosse, le mélancolique et puis surtout le rappeur rebel qui est souvent la star du groupe. Chez BTS, à chacun sa couleur de cheveux : le blond, le brun, le châtain, le roux…. Au niveau fringues rien d’original, elles sont largement d’inspiration américaine (survêtement, baskets, maillots de sports), bref des fringues mondialisées.

La folie K-pop : des looks androgynes façonnés à grand coup de chirurgie esthétique

Pourtant le look androgyne des stars de la K-pop est aussi improbable que leur musique. Cela fait partie de la folie K-pop. Les boys bands des années 90 (2Be3 ou Worlds Apart) exhibaient fièrement leurs pectoraux et jouaient la virilité pour faire frémir leurs fans adolescentes. Les groupes de K-pop ont plutôt des gabarits crevettes. Leurs chorégraphies millimétrées m’ont rappelé les combats scénarisés séries japonaises type Bioman de mon enfance : force rouge, force jaune… les bioman auraient aujourd’hui formé un groupe de K-pop. Il y a une parenté entre la K-pop et la culture manga.

Leurs yeux sont maquillés. Curieusement ils ne sont pas vraiment bridés. La chirurgie esthétique est passée par là. Les coréens en usent massivement et la grande mode est de se faire opérer les yeux pour les rendre « plus occidentaux ». Les stars de la K-pop n’hésitent pas à abuser du bistouri. Tout est bon pour réussir dans un monde de concurrence féroce. Les agences « sortent » 50 groupe de K-pop chaque année. La plupart disparaîtront rapidement. 

L’histoire du girls band Six Bomb est de ce point de vue étonnante. Ce girls band n’arrivait pas véritablement à percer. Pour sortir de l’anonymat, elles ont eu l’idée incroyable de mettre en scène leur transformation physique à grands coups de chirurgie. Elles le montrent sans tabou dans le clip de leur chanson. Je vous invite à regarder cette vidéo qui est proprement hallucinante.

Des groupes comme BTS champions du numérique

K-pop cible principale pré-adolescentes et adolescentes entre 10 et 16 ans. Vous ne serez donc pas surpris que la folie K-pop soit largement numérique. Les clips de BTS sont visionnés plusieurs centaines de millions de fois sur Youtube. Leurs chorégraphies sont ensuite reprises sur Tik Tok. Ils y évoluent dans des décors virtuels complètement numériques. BTS et ses membres à l’image des stars américaines comme Kylie Jenner sont bien entendu des champions des réseaux sociaux : 13 millions de followers sur Twitter, 14 millions sur Instagram et ce sans compter les comptes individuels de chacun des membres du groupe.

La démesure de leurs concerts, chorégraphies léchées avec force effets spéciaux sur fond d’écrans géants, est à l’image de la folie K-pop.  Leurs fans sont une « army ». Le fan de BTS sera donc équipé d’une ampoule portable dénommée « army bomb ». Toutes ces ampoules sont synchronisées entre elles et forment de véritables fresques lumineuses pendant le concert, magnifique!!! La K-pop rivalise de ce point de vue avec ses concurrents de la J-pop qui ont eux créé Hatsune Miku une star complètement virtuelle. Mais ça c’est une autre histoire.

Je sors du cinéma après avoir vu Bohemian Rhapsody le film sur Queen. Nos stars de la K-pop ont certes un vrai sens du spectacle mais comparé à la bande de Freddy Mercury, BTS me paraît bien fade. Je ne dois définitivement pas être dans la cible.

 

Mise à jour du 21/12/2018 : le groupe de K-pop BTS attire 800.000 touristes par an en Corée

Le Hyundaï research institute vient de publier une étude sur l’impact économique du groupe de K-pop BTS sur l’économie du pays. Le résultat est hallucinant. L’impact estimé à 3.6 milliards de dollars par an avec notamment près de 800.000 touristes (soit 7% des touristes) venus en Corée grâce à BTS. Si l’effet BTS devait durer 10 ans, le Hyundaï research institute indique qu’il pèserait plus que les jeux olympiques.

Commentaires (2)
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  • Myst_Eria

    Il est vrai que la k-pop nous envahit, bien plus que ne l’a fait la J-pop dans les années 2000-2010 avec Gackt et autres.
    Il suffit de s’y intéresser un peu pour voir l’ampleur que cela a pris. Vive la mondialisation ! (Ou pas…)

    • Ban500

      La K-pop est pour moi une conséquence insolite de la mondialisation. Elle me fait plus sourire que pleurer.