Ode au jardin botanique

Étonnante Époque en vacances. Je partage avec vous un de mes plaisirs lors de cette période estivale : pas de congés sans passer par un jardin botanique. Cet été, ce fut le magnifique arboretum de Châtenay-Malabry. Les jardins botaniques ont bien changé. Finie la succession de plantes avec leurs arides étiquettes en français et en latin. Ils se sont transformés en véritables lieux de promenade enchanteurs sans renier leur fonction scientifique de présentation et de préservation de la biodiversité. Allez je vous emmène en balade dans 5 jardins botaniques qui m’ont particulièrement marqué.

Les rosiers grimpants de Bagatelle

Je dois vous le dire d’entrée. Je suis un contemplatif du jardin plus qu’un jardinier les mains dans la terre. Cela viendra peut-être. Mais je m’aperçois en écrivant ces quelques lignes que les jardins botaniques ont traversé ma vie. Souvenirs d’enfance avec mon grand-père qui m’initia aux joies de son jardin de rocaille. Et puis il y a Bagatelle et ses roseraies. J’y ai préparé mes concours, refait le monde avec mon épouse, déambulé avec mes enfants… J’y retourne régulièrement. Un parisien devrait aller chaque année au Louvre et à Bagatelle ou Jardin des plantes.

Un jardin botanique définition : qu’est-ce que c’est exactement?

Un jardin botanique est un territoire aménagé par une institution publique, privée, ou associative qui a pour but la présentation d’espèces et variétés végétales. Les premiers jardins botaniques remontent à l’antiquité. Dans le « jardin botanique » du  pharaon Thouthmôsis III (-1500 av JC) à Karnak, on collecte plantes médicinales et plantes rares rapportées des expéditions au pays de Pount. En Europe, c’est à la Renaissance qu’ils prennent leur essor d’abord en Italie puis sur le reste du continent. Une université reconnue se doit d’avoir son jardin. Ils jouent un rôle fondamental dans la classification des plantes avec la réalisation des fameux herbiers. Ils s’étendent progressivement en surface intégrant l’art paysager.

On retrouve là les différents objectifs des jardins botaniques : la conservation des plantes, la recherche scientifique, l’éducation et la présentation au public. Le rôle de préservation de la biodiversité est plus que jamais d’actualité avec des programmes de multiplication et de réintroduction dans leur milieu naturel d’espèces en voie de disparation.

Comme dans les musées, une présentation du jardin botanique toujours plus soignée pour attirer le grand public

Scultpure végétale du jardin botanique de Montréal

Ces dernières années, les jardins botaniques ont fait énormément d’efforts pour soigner leur présentation et attirer le grand public. Les jardins botaniques comme les grands musées organisent des expositions et des événements. Pour les puristes, cette transformation « commerciale » a potentiellement des effets pervers. Elle conduit à la tentation de privilégier la plante vedette prisée du public au détriment du maintien de collections profondes, d’herbiers diversifiés mais austères pour les non spécialistes.

Personnellement, j’ai choisi mon camp. Je privilégie l’émotion esthétique, le plaisir des sens appel à la douce rêverie de ces lieux. Tant pis si cela se fait au détriment des austères étiquettes inaccessibles aux profanes. Je ne peux que me féliciter du récent foisonnement créatif dont font preuve les jardiniers.

J’aime ce rapport à la nature qu’on retrouve dans le jardin botanique d’aujourd’hui. L’Homme la transforme, la sculpte, la façonne (on est loin de la nature sauvage trop souvent idéalisée par nous les citadins) mais toujours avec un immense respect. Derrière un jardin botanique, il y a souvent de belles histoires de famille qui sur plusieurs générations vont transformer un lieu, en faire une oeuvre d’art. Leur point commun : ce sont toujours des passionnés du végétal, des plantes et de la nature.

Mais trêve de discours, je vous propose de nous promener ensemble dans 5 jardins botaniques que j’ai visités ces dernières années.

Le parc de Saleccia – Île Rousse Corse

Attention ne pas confondre avec la plage de Saleccia, un lieu tout aussi féerique mais plus propice aux promenades romantiques et aux amours de jeunesse qu’à la flânerie et la méditation dans la nature. Le parc de Saleccia consacre 7 hectares de jardin paysagers à la végétation méditerranéenne avec en magnifique arrière plan le maquis et la mer. Oliviers, lentisques, romarin, arbousiers, imortelles, les plantes du maquis corse sont bien entendu à l’honneur mais ici taillées, ordonnées, composées. Le parc de Saleccia c’est le maquis apprivoisé. Je garde un souvenir ému de la fraîcheur des allées ombragées dans la chaleur d’un jour d’été sous un ciel bleu immaculé.

Jardin botanique de Berchigranges – Gérardmer Vosges

« On ne visite pas Berchigranges, on y vit des émotions » revendique le lieu sur son site Internet. Ce jardin perdu dans les montagnes vosgiennes au dessus du lac de Gerardmer vous invite « à un instant de poésie, de calme et de repos ». Monique et Thierry Dronet façonnent depuis plus de 20 ans ce jardin riche de plus de 4000 variétés de végétaux, ce qu’ils appellent l’art du « jardin de cottage ».

Mais ce qui m’a le plus marqué, ce sont ces sentiers de pelouse que l’on vous invite à parcourir pieds nus. Et là un plaisir particulier commence. Avec cette douce sensation de l’herbe sur les orteils, la promenade devient alors une véritable balade des 5 sens. Extraordinaire!!!

Arboretum de la vallée aux Loups – Chatenay-Malabry Île de France

Arboretum, arboretum, vous avez dit arboretum. Je l’avoue, je ne connaissais pas bien ce terme avant de me rendre à la vallée aux Loups de Chatenay-Malabry. Un arboretum est tout simplement un jardin botanique dédié aux arbres et aux arbustes. C’est le royaume de la dendrologie (science, partie de la botanique qui a pour objet l’étude des arbres). A une demi-heure de Paris, ce parc qui abrite aussi la maison de Chateaubriand est une belle idée de promenade francilienne.

le cèdre bleu de l’Atlas

Après une paisible promenade en forêt où nous avons miraculeusement échappé aux loups, nous arrivons dans l’arboretum magnifiquement entretenu. Ici, les arbres prennent de l’âge et de la hauteur, on se sent chez les « ents » de Tolkien. Clou du spectacle, le cèdre bleu de l’Atlas arbre découvert en 1873 dans une pépinière. Il a donc plus de 150 ans et a reçu en 2001 le label d’arbre remarquable de France. Et oui, nos amis les arbres ont aussi leur équivalent de la légion d’honneur.

Jardins d’Eyrignac – Périgord Noir Dordogne

Les jardins d’Eyrignac au cœur du Périgord Noir ne sont pas à proprement dit des jardins botaniques. Mais je devais vous en parler. Seule une partie « les sentiers botaniques » rentrent dans notre catégorie. Les jardins d’Eyrignac montrent qu’il existe un continuum entre le jardin de château (Versailles ou Vaux le Vicomte) jardin à la française ou à l’anglaise  et le jardin botanique. Le label jardin remarquable regroupe les 2 catégories. On retrouve ce trait d’union à Villandry avec ses célèbres choux ou lors du fameux festival international des jardins de Chaumont auquel j’ai eu la chance de me rendre plusieurs fois.

Eyrignac est avant tout connu pour ses parterres à la française. On y pratique l’excellence en matière d’art topiaire, l’art qui consiste à tailler arbres et arbustes de jardin pour former des haies, des massifs ou des sujets de formes variées : géométriques, personnages, animaux… Les quelques 300 topiaires du jardin sont entièrement taillées à la main.

Coastal Maine botanical garden – Boothbay Harbor Maine USA

Pour la dernière visite, je vous emmène dans le Nord-Est des Etats Unis à Boothbay Harbor dans le Maine. Les Américains ont le sens de la mise en scène et de la vulgarisation. Et puis ils ont de l’espace pour de magnifiques parterres de fleurs. Côté pédagogie, je garde un bon souvenir de la serre aux papillons dont les scientifiques du parc organisaient une visite guidée particulièrement instructive.

Au niveau scientifique, le jardin dispose d’une palette très complète qui va de la recherche en botanique et horticulture à la formation pour les jeunes comme pour les adultes. Preuve que l’opposition entre un jardin accueillant agréablement le public et son rôle scientifique est largement stérile.

Voilà, j’espère que cette balade estivale vous aura plu et surtout vous aura donné envie de visiter ces lieux. Si vous aussi avez de belles expériences de visites de jardin botanique, je suis preneur pour de futures vacances. N’hésitez pas à les poster en commentaire.

 

 

 

Commentaires (2)
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  • Olivier

    Magnifiques jardins ! je conseille également le très beau « Jardin des Méditerrannées » au Domaine du Rayol, 20 hectares de jardin et d’espace naturel face aux Iles d’Hyères, dans le Var (83), entre Le Lavandou et Saint-Tropez.

    • Ban500

      Merci Olivier pour ce conseil.