Dubaï : la nouvelle Babel

Les grands récits de l’Humanité transcendent le temps. Le récit biblique de la tour de Babel est vieux de près de 4000 ans. Il est plus que jamais d’actualité à Dubaï la nouvelle Babel.

Livre de la Genèse chapitre 11 : la tour de Babel

Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots.

Après avoir quitté l’est, ils trouvèrent une plaine dans le pays de Shinear et s’y installèrent. Ils se dirent l’un à l’autre: «Allons! Faisons des briques et cuisons-les au feu!» La brique leur servit de pierre, et le bitume de ciment. Ils dirent encore: «Allons! Construisons-nous une ville et une tour dont le sommet touche le ciel et faisons-nous un nom afin de ne pas être dispersés sur toute la surface de la terre.»

L’Eternel descendit pour voir la ville et la tour que construisaient les hommes, et il dit: «Les voici qui forment un seul peuple et ont tous une même langue, et voilà ce qu’ils ont entrepris! Maintenant, rien ne les retiendra de faire tout ce qu’ils ont projeté. Allons! Descendons et là brouillons leur langage afin qu’ils ne se comprennent plus mutuellement.»

L’Eternel les dispersa loin de là sur toute la surface de la terre. Alors ils arrêtèrent de construire la ville. C’est pourquoi on l’appela Babel : parce que c’est là que l’Eternel brouilla le langage de toute la terre et c’est de là qu’il les dispersa sur toute la surface de la terre.

BURJ KHALIFA LA NOUVELLE TOUR DE BABEL

La prémonition de ce texte est sidérante. L’action de la Bible se situe en Mésopotamie dans l’actuel Irak (à 2000 km de Dubaï) vers -1700 AV-JC. Dieu y avait interrompu la course vers le ciel lancée par les Babyloniens. Mais les hommes sont têtus et rusés. 4000 ans plus tard, Dubaï s’est relancée dans cette folle conquête. La tour Burj Khalifa inaugurée en 2009 monte à 830 mètres, près de 200 mètres plus haut que la numéro 2 de Shanghai. Notre belle Tour Eiffel est devenue bien naine.

Pour cela les Émirats ont déjoué les manœuvres du Tout Puissant. Ils ont réuni les « hommes dispersés sur toute la surface de la Terre » à Dubaï en rassemblant les meilleures compétences en matière de construction du monde entier : ingénieurs européens, américains, chinois et coréens, ouvriers indiens et pakistanais associés aux meilleurs architectes…. La langue anglaise devenue universelle a permis à tous ces bâtisseurs de communiquer ensemble sans difficulté brisant la malédiction de la multiplicité des langages.

La nouvelle tour de Babel est née. Mais la concurrence mondiale est féroce et l’ambition de l’Homme sans limite. Saoudiens et Chinois voudraient détrôner Dubaï. Il y a urgence à aller encore plus haut. Un projet de nouvelle tour a déjà débuté. Il s’accompagne d’une frénésie constructive hallucinante. 15% des grues du monde entier sont concentrées aux Émirats.

LES PHARAONIQUES PROJETS POUR L’EXPOSITION UNIVERSELLE DE 2020

Les projets pharaoniques foisonnent et la ville envisage de doubler de taille d’ici l’exposition universelle de 2020. À côté, les projets du Grand Paris semblent ceux d’un petit village de campagne. Les premières pierres de la tour Dubaï Creek Harbour ont été posées. Elle dépassera les 1000 mètres mais sa hauteur exacte reste un secret bien gardé. Il s’agit en effet de dépasser la tour concurrente Jeddah Tower en cours de construction en Arabie Saoudite dont le chantier est déjà bien avancé. Les Émirats ne sont pas du genre Poulidor. Le sprint final entre les deux tours s’annonce passionnant.

En 2008 avec la crise des surprimes, le « Dieu Dollar » avait brutalement interrompu les projets de l’émirat. On a alors cru à la fin du miracle de Dubaï. Mais le pétrole et le business ont gagné la deuxième manche et tout est reparti encore plus fort. Mais l’Éternel a le temps pour lui. La boulimie constructive des Émiratis suscitera-t’elle son courroux? Dubaï retournera-t’elle dans les sables du désert, éphémère mirage à l’échelle de l’Humanité. Seul l’avenir le dira. En attendant, les Émirats construisent toujours plus haut, toujours plus vite certaines des merveilles du Monde d’aujourd’hui.

 

Mise à jour du 11/12/2018

A un an de l’exposition universelle, la nouvelle Babel est en crise. Elle est victime non pas de la colère de Dieu mais du courroux bien terrestre de Donald Trump contre l’Iran. La folie immobilière de l’émirat était largement alimentée par les pétrodollars iraniens. La source s’est brusquement tarie suite aux sanctions américaines. Abu Dhabi fait du zèle dans leur application, voyant par là un moyen de resserrer son emprise sur Dubaï. La nouvelle Babel surmontera-t-elle les querelles entre les hommes?

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