Humoristes : le marché mondial de la vanne

Attention, je vous recommande la plus grande méfiance avant de lire cet article. Il s’agit peut-être d’un plagiat, d’une pâle copie. Saurez-vous faire la différence? Pas sûr. Il est ici question d’une histoire de plagiat au pays des humoristes. De célèbres comiques français notamment Gad Elmaleh et Tomer Sisley se seraient très largement inspirés de comiques américains pour nourrir leurs spectacles dans les années 2000. Les accusés s’indignent de ces accusations. C’est règlement de compte à OK Comique.

A l’origine du scandale du plagiat chez les humoristes, un lanceur d’alerte aux voleurs de vannes

Panama Papers, Wikileaks, Luxleaks…. les plus grands scandales de ces dernières années sont le fruit de révélations de lanceurs d’alerte, Robin des Bois des temps modernes, qui tirent publiquement la sonnette d’alarme sur une menace ou un danger présumé dans l’intérêt général. Notre affaire et cela montre son importance rentre dans cette catégorie.

Le lanceur d’alerte s’appelle CopyComic. Ce YouTuber anonyme publie depuis un an des montages vidéo juxtaposant dans la même séquence l’extrait du sketch original par un humoriste d’Outre Atlantique et l’extrait correspondant d’un de nos comiques hexagonal. Les vidéos sont accablantes pour nos voleurs de vannes. Textes, intonations mimiques, jeux scéniques, les vannes passent avec une facilité déconcertante de la langue de Shakespeare à celle de Molière. Je vous ai joint la vidéo. Il n’y a aucune place au doute, le comique américain Jerry Seinfeld fut plus qu’une source d’inspiration pour Gad Elmaleh…

 

Emprunt de vannes, appel à des auteurs ou plagiat : un tabou chez les humoristes

Pourtant l’humoriste Gad Elmaleh nie farouchement tout plagiat. Comme Richard Orlinski face à Xavier Veilhan, il indique dans une interview donnée à Europe 1 « qu’on mélange tout entre inspiration et plagiat ». Il ne plaisante même pas du tout avec ce sujet et poursuit Copycomic sur le terrain judiciaire. Ses avocats ont assigné au tribunal d’instance de Paris Facebook afin qu’il communique l’identité de celui qui se cache derrière Copycomic. Ils avaient précédemment cherché à obtenir en vain la suspension de ses tweets. Une stratégie juridique qui ressemble à celle des entreprises visées par des lanceurs d’alerte!!!

Pourquoi un tel acharnement alors qu’une faute avouée est à moitié pardonnée. Question d’image? Sans doute, les humoristes de la génération stand-up ont fondé leur réputation sur le sens de la répartie, la vanne, la punchline, l’improvisation. L’utilisation d’auteurs, l’emprunt de vannes fait tâche dans ce contexte et révèle au public un envers du décor jusqu’à présent un tabou au pays des humoristes.

L’humour est devenu un business

Question d’image, sans doute mais pas seulement. L’humour est devenu un business hautement lucratif. La tournée commune de Kev Adams et Gad Elmaleh a rassemblé 240.000 spectateurs. Cela représente selon le magazine Capital un chiffre d’affaires de 12 millions d’€. Comme l’explique Emmanuel Pierrat, avocat spécialisé en droit de la propriété intellectuelle, dans un excellent article sur le sujet de Slate (que j’ai scandaleusement plagié : lol, non je reformule dont je me suis un peu inspiré) : il n’existe pas à ce jour de jurisprudence concernant des procès au sujet de contrefaçons de sketchs». Il ajoute: «Mais avec l’affaire des comiques français de stand-up épinglés sur internet, peut-être que cela va changer.»

D’ailleurs comme par hasard, Gad Elmaleh et Jerry Seinfeld se sont affichés ensemble ces derniers mois comme étant les meilleurs amis du monde. Sans verser dans les théories du complot, il est envisageable qu’un accord à l’amiable ait été conclu entre les deux hommes.

Les auteurs indispensables comparses des humoristes

Cet article de Slate nous apprend également que pour votre one-man show programmé à la rentrée de septembre et pour lequel vous manquez d’inspiration, il vous suffit de vous rendre au Québec où des plumes affûtées pourront moyennant finance vous pourvoir en vannes de qualité.

Le déni des humoristes attaqués par CopyComic apparaît pourtant un peu puéril. Dans la chanson, tous les chanteurs ne sont pas compositeurs et cela n’enlève rien au talent de Johnny Hallyday. Le rythme infernal imposé par la télévision à nos humoristes rend obligatoire l’appel à des auteurs. On ne peut pas exiger de nos comiques d’être des forçats de la génération quotidienne de blagues.

Nicolas Canteloup l’a bien compris qui associe systématiquement de manière transparente ses auteurs Philippe Caverivière et Laurent Vassilian. Djamel Debbouze est lui aussi épinglé par CopyComic. Ces deux humoristes ont des talents exceptionnels d’interprète. Finalement peu importe qu’ils soient ou non les auteurs de leurs blagues.

Nos humoristes pensaient sans doute en plagiant les comiques américains avoir trouvé la martingale, une source intarissable de blagues prétendument originales permettant de nourrir spectacles et apparitions quotidiennes à la télévision. C’était sans compter sur la transparence apportée par Internet et les réseaux. En attendant le 1er one man show écrit par une intelligence artificielle!!!!

 

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