Les runners : la tribu des runneuses

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J’ai fait un rapide sondage au parc Monceau et je me suis rendu compte avec surprise que la moitié des coureurs étaient des femmes, des runneuses. Même phénomène dans Central Park à New York. Pourtant, le marathon fut longtemps interdit aux femmes. L’Homo Macho dans sa grande sagesse avait jugé que ces frêles créatures étaient bien incapables de parcourir les fameux 42 km. Elles avaient bien mieux à faire dans leur foyer. Il fallait les protéger contre elles-mêmes. Hallucinant, c’est de haute lutte qu’elles gagnèrent le droit de participer pour la première fois à un marathon à Boston… bien après le droit de vote en 1969, année érotique et donc aussi sportive. Après l’article consacré aux runners technophiles, je vous propose de nous intéresser à une tribu très attachante : la tribu des runneuses.

LE MARATHON LONGTEMPS INTERDIT AUX FEMMES

Certaines avaient en effet pris l’insolente habitude de se glisser clandestinement dans les courses déguisées en homme. Lors du marathon de Boston en 1967, un officiel zélé découvrit que la dénommée Kathy Switzer était dépourvue de testicules. Outré, il lui signifia son expulsion immédiate du peloton. Mais c’était sans compter sur le fiancé de l’intruse qui la défendit à grands coups d’épaule, applaudi par le peloton. La voie était désormais ouverte aux runneuses.

Runneuses

LES RUNNEUSES TIENNENT MAINTENANT LE HAUT DU PAVÉ

Le marathon féminin devint une épreuve olympique en 1984 et il semblerait aujourd’hui complètement fou de leur interdire cette pratique (mis à part sans doute aux défenseurs d’obscures religions). Mais aujourd’hui la folie du running est largement féminine. Le nombre de pratiquantes augmente chaque année. Les girls run réservées aux femmes comme la Parisienne ou le Nike Women’s Paris se sont développées dans toute la France. Ironie de l’histoire : c’est déguisé en fille que des hommes courent la Parisienne (heureusement pas vraiment clandestinement). J’ai même découvert l’existence du magazine « Running pour elles ». Et cet engouement ne semble pas prêt de s’arrêter. La performance des femmes sur le marathon est d’ailleurs remarquable. La Kenyane Brigid Kosgei a amélioré à Chicago de plus d’une minute le record du monde en 2h14 le lendemain de l’incroyable marathon en moins de 2 heures de son compatriote Eliud Kipchoge.

Je crois que personne ne l’avait vraiment anticipé, mais, a posteriori, cette passion running féminine n’est pas si surprenante. Je rentre là dans le terrain glissant des stéréotypes, mais voyez-y plutôt un plaidoyer féministe. Les femmes (en tout cas la mienne) sont souvent plus endurantes et dures au mal que nous. Ce long effort leur va si bien. Elles arrivent à dompter avec talent la lente et méthodique progression du coureur vers la performance quand nous préférons un effort plus brutal. J’aime regarder l’élégance des femmes qui courent. Souvenez-vous d’ailleurs de cette fameuse phrase de Chandler, dans Friends « Run Yasmine, run Yasmine, run »

En tout cas, les runneuses ont transformé ce sport en profondeur en façonnant notamment ces grandes kermesses urbaines que sont devenues les grandes courses. Color Run, Bubble Day, Paris-Versailles, Mud Day, ces manifestations rassemblent des milliers de personnes et façonnent la vie urbaine. Je vous propose d’y faire une rapide plongée.

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